Je l’avoue, je suis addict au sucre. Et si je fais mon coming out aujourd’hui, au club des Addict-au-sucre-anonymes, c’est que j’ai la ferme intention de me défaire de ma dépendance. Tout a commencé alors que j’étais toute petite. Avec des bonbons, des plats cuisinés, et de fil en aiguille, je n’ai pas vu la chose arriver et le sucre est devenu mon meilleur ami.
Quand je suis contente ? Je mange des trucs sucrés pour fêter ça. Quand je suis triste ? Je mange des trucs sucrés pour me remonter le moral. Mon point faible ? Des gâteaux détrempés dans du lait.Mais ça, c’était avant.
Toi, oui toi… Si tu n’as jamais souffert d’une quelconque forme d’addiction, jette-moi la première pierre. Ah tu vois ? Oui, c’est dur pour moi de résister aux chocolats offerts par les collègues, aux dessert au resto, de ne pas goûter aux glaces des enfants… Allez juste une bouchée ! Et là, mes papilles s’emballent, mon cerveau cuit, j’en ai littéralement l’eau à la bouche. Tiens, même en t’écrivant.
Alors tu te dis, bon ok, il y a quand même plus grave qu’une nénette qui se goinfre de gâteaux, il y a des gens qui ont de vrais problèmes graves dans la vie, non ? Crois-moi, questions problèmes vitaux, j’en ai eu ma dose. Et oui, je t’entends et tu as raison, le sucre est un aliment naturel et nécessaire pour faire fonctionner ton corps.
Oui, je suis addict au sucre.
A ma décharge, on a été conçus comme cela. Naturellement, on recherche ce qui est sucré. Au début de notre histoire d’hommes (préhistoriques même), la nature nous avait permis de détecter ce qui n’était pas empoisonné au travers des saveurs sucrées. Le sucre est un glucide, et les glucides sont à l’organisme animal ce que les carburants sont aux moteurs des voitures. Ils sont à la fois nécessaires et indispensables. Le sucre est tonique, anti asthénique et énergétique.
Mais voilà, on n’a jamais autant consommé de sucre qu’aujourd’hui : 35kg par an et personne en France et même 70 kg aux Etats-Unis. Et ça, la nature ne l’avait pas prévu, nos gènes se sont développés dans un contexte nutritionnel où on en mangeait 2kg. On est les acteurs de cette réelle explosion de consommation de sucre qui s’est tenue en l’espace de même pas 100 ans. On a des super pouvoirs d’adaptation, mais quand même ! Et ce qu’on sait maintenant, c’est que notre consommation excessive de sucre génère de nombreux problèmes de santé.
Pourquoi, me demandes-tu ?
Un médecin américain, Jacob Teitelbaum a livré les résultats d’une étude : « la dépendance aux sucres ». « À l’instar de nombreuses autres substances addictives, le sucre vous apporte une sensation de bien-être durant quelques heures, mais ensuite, il fait des ravages dans votre organisme ».*
Parce que tu te moques, oui mais le sucre, c’est bel et bien une drogue au sens où il génère des comportements addictifs. On a même fait des études sur des rats pour en avoir le cœur net. « Une équipe bordelaise avait laissé le choix à des rats accros à la cocaïne de s’auto-administrer un shoot de cette drogue par voie intraveineuse ou d’avoir accès pendant 20 secondes à une solution de sucrée à 0,2 %. Même en augmentant la quantité de cocaïne, les rats avaient en majorité préféré la solution sucrée. Preuve que le sucre semble avoir un potentiel addictif bien plus important que la cocaïne. »*. Et le ratio était de 8 !
La dépendance au sucre est un vrai problème de société, c’est une réalité. Quand on mange un truc sucré, les récepteurs du goût de notre langue s’activent, donnent l’info au cerveau qui analyse… Qui active son système de récompense : j’ai nommé dopamine. Oui tu l’aimes bien celui-là, c’est le neurotransmetteur du plaisir. Miam. Tu aimes bien, moi aussi. Tu en redemandes, moi aussi, on en remange, allez encore quelques bouchées. Le système s’emballe, il lui en faut toujours plus pour avoir le même effet, allez encore un shoot de plaisir, juste une cuillère, et hop, la voilà la dépendance.
« Une addiction au sucre est une dépendance caractérisée par une envie irrépressible. » Alors, t’es addict toi aussi, ou tu maîtrises ? Moi je suis encore fébrile.
Mais on en fait quoi de tout ce sucre avalé ?
Et bien j’attendais que tu me poses la question. Les sucres, ce sont des glucides. Quand on mange du sucre, on le décompose en 3 composantes qui arrivent dans notre sang : le glucose (celui qu’on utilise le plus), le galactose, et le fructose. Et oui, on en a besoin car ils sont transportés dans notre sang jusqu’à nos organes qui les utilisent pour fournir de l’énergie à notre corps. Le pancréas décide de quoi faire du sucre qu’il lui arrive en fonction de nos besoins : il l’utilise, ou il le stocke pour plus tard. Et s’il a trop de sucre, le pancréas envoie son super messager : l’insuline qui va déclencher le stockage. Et elle, elle stocke ! Si on la surmène, elle arrive en masse dans notre sang, et là, on le gère mal, surtout si c’est tous les jours.
Menu du jour, au choix :
- On s’adapte, on stocke de mieux en mieux et on prend du poids,
- Pour lutter contre le trop plein d’insuline, notre organisme retire d’un coup le sucre dans le sang et on se retrouve un peu faiblard, et hop on remange un peu de sucre pour faire passer, ohhhh le super le cycle infernal,
- Notre appétit finit par mal se réguler, se dérégler, on ne sait plus trop si on a faim ou pas, et on mange plus que de raison ! **
Tout ce sucre, cela me déprime.
Et tu as bien raison. A ce rythme, notre corps ne sait plus trop où il en est, il tente bien de s’adapter comme il peut, mais à la longue, il s’épuise. Nous puisons dans notre stock d’énergie vitale pour gérer ces pics, ce stockage, et pendant ce temps-là, et bien notre organisme est bien moins disponible pour faire ce qu’il a à faire : s’occuper de lui/nous. L’effet yoyo, pics d’insuline, chutes du niveau de sucre… Va puiser sérieusement sur ton moral, ton niveau de fatigue, d’irritabilité, ta concentration… Le sucre déprime ! Et lorsqu’on est un peu déprimés, on a plus de mal à résister à la « tentation » du sucre. Oui, effet corollaire, le sucre contribue à augmenter aussi notre taux de sérotonine, et elle, elle nous met de bonne humeur. Alors non, je suis désolée de te l’apprendre, mais un macaron ne va régler tes vrais problèmes dans le fond. Tu te retrouveras juste avec un coup de fatigue (chute du taux de glycémie) et avec plus de problèmes (ou de kilos).
Sans compter les risques plus graves encore sur ta santé : diabète (fatigue du pancréas), maladies cardio-vasculaires, neurovégétatives, risques d’inflammation, tension artérielle, troubles digestifs, surpoids et tous ses effets collatéraux, encrassement du corps et ses vaisseaux de combat…
Un biologiste Allemand, Otto Heinrich Warburg, a même reçu un prix Nobel de médecine car il a découvert que le métabolisme des tumeurs cancéreuses était largement dépendant de leur consommation en sucre (enfin en glucose, sa forme décomposée). Quand on mange du sucre, notre taux de glucose monte, notre taux d’insuline monte, et en en parallèle une autre hormone : l’IGF (insulin-like growth factor-I). IG-What ? Son boulot à elle, c’est de stimuler la croissance des cellules. Et elle et sa copine l’insuline donnent un bon coup de fouet aux facteurs d’inflammation. Quand on sait que les cellules cancéreuses sont des cellules qui se développent très vite et anormalement et que l’inflammation accentue le phénomène… On comprend que manger du sucre c’est un peu comme mettre un gros engrais chimique sur le cancer. Pire encore, l’insuline empêche même la chimio de bien opérer.***
Bon, et puis l’acné, c’est une inflammation de la peau…. Bah oui. Là, ce sont des chercheurs en nutrition qui s’y sont collés. Ils ont privé de sucre des ados Australiens, fini les Oréo devant la télé, BIM ! Le résultat ? Beaucoup moins d’acné.*** CQFD.
Alors, je suis privé(e) de sucre à vie ?
Bon fini le paragraphe sur l’auto flagellation. Même si je sais que tu adores cela. Si si je t’ai reconnu…
En tant que naturopathe (en devenir), j’ai envie que tu vives heureux et épanoui dans ta vie et que tu développes les super pouvoirs qui sont en toi. Je n’ai jamais dit de ne PLUS JAMAIS MANGER DE SUCRE ! La punition, cela n’a jamais marché avec moi. Avec toi non plus, non ?
Du « bon sucre », il y en a partout déjà naturellement : tiens, celui des fruits et des sucres lents par exemple. Celui qu’on laissera de côté, c’est le sucre industriel et raffiné. Une fois traité, ce sucre des « temps moderne » est super agressif pour les organismes vivants. Et en plus, il n’a plus aucune valeur nutritionnelle, plus de vitamines, de minéraux, rien. Ce sont des calories vides. Tiens d’ailleurs, la preuve c’est que le sucre conserve des produits comme la confiture, le lait concentré sucré… En empêchant les processus vivants de dégradations. Et non, il ne va pas te conserver toi aussi, bien au contraire.
3 conseils très simples pour choisir le sucre qu’il te faut :
- Le sucre le moins « concentré possible !
Et finalement qu’il soit blanc ou roux, c’est pareil. Un sucre industriel contient 100% de saccharose, c’est très agressif pour ton corps.
Toi, tu es futé, tu choisiras le sucre présent dans les aliments naturels comme les fruits doux, où il apparaît à des doses de 10 à 20 %, avec même un peu d’eau très utile pour ton corps.
C’est pareil pour les sucres lents, c’est riz-pâtes-pain complets (et bio) ! - Le sucre, c’est jamais tout seul !
Le sucre, assimilé tout seul, est toxique et mal assimilable. Les aliments aiment être en bonne compagnie et ont besoin les uns des autres pour être bien digérés. Alors, le sucre, c’est avec les flocons d’avoine, le yaourt de soja, la farine de riz… - On chasse les sucres « en trop »
Plats tout faits, gâteaux, bonbons, chocolats, boissons (et attention, un verre de jus de fruits contient autant de sucre qu’un verre de soda), pâtisseries, certaines céréales, les sauces… tout ça… Et on lit les étiquettes (on cherche les mots qui se finissent par –ose…) ! Oui il y a du sucre aussi dans tes boites de petit pois.
On arrache la sangsue nommée le sucre d’un coup !
Pour s’en sortir, c’est comme pour n’importe quelle addiction : on arrête les « mauvais » sucres complètement, d’un coup hop ! Cela n’est pas facile au début et les sources de tentations sont grandes. Ben oui, ce qui est nocif nous fait souvent envie, non ? Alors on se régale avec les « bons sucres », et on se fait du bien, hé oui. En fait, le sucre est à la fois ton ami et ton ennemi.
Et j’y gagne quoi ?
- La fontaine de Jouvence est sans sucre.**
- Une belle peau.
- De belles dents.
- Un poids qui se régule.
- Un bon niveau d’énergie.
- Et, contre toutes attentes, les idées claires et un meilleur moral.
Prêt(e)s à débuter une nouvelle vie ?
\\\\\\ SOURCES ET BIBLIOGRAPHIE
Références : *, ** et *** :
Addiction au sucre : comment le sucré s’est imposé dans nos assiettes et met en péril notre santé, Huffpost
ANDRÉA BUDILLON
NATUROPATHE, PROF DE YOGA, YOGATHÉRAPEUTE
AUTEURE, ENTREPRENEURE & FORMATRICE
Comme tous les bisounours dopés aux graines, Andréa a tendance à voir le verre toujours à moitié plein. Et dans la vie, cela lui a réservé de belles surprises et quelques déconvenues. D’une nature entière et volontaire, elle lève la main plus souvent qu’à son tour, et comme beaucoup d’entre nous dans ce monde frénétique, elle s’est brûlé les ailes.
N’arrivant pas à se résoudre à se ranger du côté « dark » de la force, en 2016, elle s’est dit que ses qualités, la gentillesse, la bienveillance, son hyper sensibilité… avaient une valeur quelque part ! Et elle croisé la route du yoga, puis de la naturopathie… Et depuis, elle trace sa route.
Curieuse, intuitive, passionnée, elle ne cesse de se former, d’apprendre, de faire des expériences, de partager une autre façon de voir le monde et de prendre soin de soi, plus respectueuse des hommes, de la nature.
Sa mission, c’est de vous aider à prendre du recul, de mettre plus de bien-être, de temps de « rien » et des temps de « tellement plus » dans vos vies. Comment ? Au travers de consultations en naturopathie, de cours de yoga, de conférences, de ses deux ouvrages…