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Prendre la mesure de sa vie

par | Bien dans ta tête, Développement personnel

Faites gaffe à ce que vous mesurez. Ça a l’air anodin, la mesure. La longueur de son running. Son temps de travail. Son poids. On se dit que ça ne change rien à ce qu’on fait, qu’on le mesure ou pas. Pourtant, ce qu’on mesure dans une vie peut tout changer. J’en fais chaque jour l’expérience et je n’ai pas résolu la question mais j’avais envie de partager avec vous mes quelques réflexions sur le sujet.

# Mesurer c’est focaliser son attention sur la performance

chute salle de sport tapis de courseBon ça, dans le sport, vous l’avez sans doute expérimenté. Vous courez ou vous nagez, tout va bien, vous êtes dans l’instant, vous kiffez votre race de bien respirer et de sentir votre corps exister. Et puis soudain, quelqu’un vous demande combien vous avez parcouru. Si vous avez un moyen de mesure, et que vous regardez, vous allez JUGER le résultat. C’est comme une note à l’école. « Ouais pas mal ». « Peut mieux faire ». « Trop canon ». Ben en soi, vous vous dites que c’est une bonne manière de vous améliorer. Mais améliorer quoi ? Vous ne mesurez que le temps ou la distance parcouru. Que du quantitatif.

Qui mesure le plaisir que vous procure votre séance, l’aisance de votre foulée, le confort de sentir votre corps de plus en plus en forme. Ni une montre, ni un GPS connecté. Il n’y a que vous. Et pourtant, à la fin, c’est quand même pour ça qu’on fait du sport non ? Pas pour le chrono de dimanche dernier mais bien parce que ça génère un état de bien-être global et incomparable.

Quand j’ai quitté la vie en entreprise et que le planning de la semaine ressemblait à une grande page blanche, j’ai commencé à le remplir un peu comme je faisais avant. J’économisais net 1h30 de transport par jour. Qu’allais-je en faire ? Je me suis donné comme objectif de faire enfin du sport régulièrement, en commençant et en m’arrêtant à peu près aux mêmes heures qu’au bureau. J’ai tenu 15 jours et puis j’ai culpabilisé. Peut-être parce que j’ai COMPARE avec avant ou avec les autres, je ne sais pas. Peut-être parce que le boulot dans mon cas est comme une source qui ne se tarit jamais et qu’il m’est difficile de dire « j’arrête et je remets à demain ». Ou peut-être tout simplement parce que je ne me jugeais pas assez performante.

Bref, je me suis noyée dans ce fameux temps de travail. J’ai déjà parlé un peu de mes nausées de fatigue (ici « Ne rien lâcher ou lâcher-prise ? »). Quand le corps t’impose là tout de suite maintenant d’aller dormir. Il m’a bien fallu réagir.

J’ai bien tenté d’être encore plus performante en essayant de techniques d’organisation éprouvées par d’autres. Rassembler les tâches du même type ensemble. Mettre des alertes tous les quarts d’heure. Se donner des objectifs listés et faire le point. Pour moi, rien n’a marché.

J’étais toujours aussi épuisée et je perdais une des raisons fondamentales qui m’ont fait quitter l’entreprise : la liberté. En plus, mon job, ce n’est pas de remplir des formulaires mais de réfléchir à des systèmes de pensée cohérents et d’écrire des articles. Cela demande a minima une bonne concentration et même parfois de la créativité. Autant dire que cela ne peut pas être une activité linéaire et qu’un article peut te prendre 2h un jour et 4h le lendemain.

# Les outils qualitatifs de mesure

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Le premier outil qui m’a aidée à mesurer autre chose que du strictement quanti, c’est ce petit schéma.

Cela permet par exemple de revaloriser certaines choses, qui dépendent vraiment de chacun. Par exemple dans l’important mais pas urgent, il y a pour moi « voir ses amis », il y a « faire du yoga », il y a «prendre le temps au petit-déjeuner ». Et ce qui en découle, c’est que ces activités importantes mais pas urgentes doivent être placées dans le planning comme des incontournables. Comme les gros cailloux qu’on place d’abord dans une bouteille, sachant que le sable et les petits cailloux (souvent l’urgent) viendront bien se glisser dans le bocal entre les trous.

Ça a été une première étape pour accepter que j’avais besoin de choses « non productives » dans ma vie. J’ai alors lu La semaine de 4h de Tim Ferris, qui explique qu’on peut travailler beaucoup moins et se consacrer aux trucs qu’on aime tout en gardant un certain niveau de vie. Si la démonstration est pleine de conviction, elle m’a vite montré ses limites. D’abord parce que mon métier est lié à ma force de travail personnelle (je produis de l’écrit) et que fondamentalement, j’aime produire. Certains diraient créer. Mais j’aime aussi être dans cet état de flow qui fait qu’on produit beaucoup, vite et de manière fluide. Pas facile de faire le tri entre tout ça. Entre ce quali qui donne du quanti et ce plaisir aussi du quanti.

# Faire taire la dictature du cérébral

personne n'est parfaitC’est là que j’ai décidé de mettre autre chose que du cérébral dans ma vie. Du yoga très physique (j’en ai déjà parlé : mon ashtanga chéri « Le yoga et moi : les grandes étapes – by Charlotte« ), du jardinage, de la cuisine. Des moyens d’équilibrer mon cerveau en roue libre qui verrait bien que toute ma vie lui soit consacrée (et moi réduite à une loque physique dans un lit d’hôpital avec une tête hypertrophiée… vision d’horreur).

Ça a marché. J’ai kiffé. Mes nausées de fatigue se sont calmées. Mais il restait cette grande question : ai-je bien le droit de « voler du temps » gratuit à mon temps de travail rémunéré ? Je ne vole personne hein puisque je suis mon propre patron (mais croyez-moi, en tant que patron de moi-même, je suis pas le plus tendre ni hélas le plus indulgent).

# Mesurer ce qui fait du bien

J’en suis là. A savoir ce qui me fait du bien : la variété et l’équilibre. A me demander parfois si je ne devrais pas faire de tout ce concret une activité rémunérée comme prof de yoga, cuisinière… Et à revenir au point de départ. Parce que justement est-ce que ce n’est pas la « gratuité » de ces activités qui font qu’elles sont des récréations. A essayer d’accepter que ma liberté c’est d’avoir aussi le droit de faire des activités gratuites. De trouver du temps pour ça même quand d’autres travaillent. Que je ne le vole à personne.

Alors j’essaie de mesurer d’autres accomplissements. Combien de lâcher-prise aujourd’hui ? Combien de chemins de traverse pris et acceptés ? Combien de récompenses accordées à moi-même ? Aujourd’hui pas beaucoup. Mais demain j’espère davantage.

Et vous, vous mesurez quoi dans votre vie ?

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